Action & lobby
Le GRACQ Liège a pris connaissance de la Déclaration de Politique Communale (DPC) présentée en ce début du mois de février 2019. Il s’agit d’un document reprenant les principales orientations que le Collège mettra en œuvre tout au long de la législature, c’est-à-dire jusqu’en 2024.
La rupture tant attendue est annoncée
De manière générale, le GRACQ se réjouit de l’ambition portée par le Collège pour la mobilité et pour le vélo en particulier. Le Collège considère comme priorité majeure de sa politique de « revoir la place de la voiture en ville, en favorisant l’émergence des modes actifs, des deux-roues aux piétons ». Pour « faire de Liège une « Ville piétonne et cycliste », la DPC présente ses principales orientations.
Parmi les points avancés dans cette DPC, le GRACQ soutient fortement :
- l’inscription de la Ville dans la dynamique de la vision wallonne FAST (5% de déplacements à vélo en 2030) et du principe STOP, c’est-à-dire donner la priorité aux piétons, puis aux cyclistes puis aux transports en commun sur la voiture ;
- la rédaction d’un plan stratégique cyclable concerté et à long terme accompagné de la création d’un monitoring permanent en concertation avec les associations représentatives ;
- la création d’une « Cellule de Sécurité Routière » composée d’élus et entre autres, des associations d’usagers ;
- la priorité « vélo » qui sera mise sur les infrastructures ;
- la création de 15 corridors de minimum 3 m en site propre ;
- le choix prioritaire d'assurer la continuité des itinéraires vélos actuels ;
- la réalisation des chaînons manquants des itinéraires cyclables ;
- la généralisation des tourne-à-droites libres aux feux et des SUL ;
- L’instauration de zones 30 étendues ;
- la création de "rues cyclistes" ;
- la création d'itinéraires cyclables sécurisés vers les écoles.
Des moyens insuffisants
Le Collège annonce donc une politique de mobilité caractérisée par une véritable rupture vis-à-vis de ce qui s’est fait jusqu’à aujourd’hui essentiellement en faveur des voitures.
Toutefois les législatures précédentes et les nombreux exemples étrangers ont montré que sans un budget à la hauteur (minimum 10€ par an par habitant), la politique cyclable ne saurait décoller. La DPC annonce une augmentation des moyens alloués aux modes actifs qui va « tendre » vers un montant de 10 € par habitant. Elle sera donc en début de la législature, beaucoup plus faible et cette part concernera à la fois la mobilité piétonne et cyclable. Dit autrement les moyens annoncés ne permettront pas de mener, en début de législature, cette politique de rupture pourtant annoncée.
Un large flou quant aux engagements réels
Si une déclaration de politique communale est avant tout une synthèse des intentions du collège pour la prochaine législature, le GRACQ Liège regrette le manque d’objectifs chiffrés et l’absence de calendrier. Le GRACQ liège insiste pour qu’un plan stratégique cyclable concerté soit rapidement réalisé afin de donner une véritable feuille de route à la politique cyclable liégeoise.
En particulier, ce plan devra définir précisément le tracé des 15 corridors cyclables annoncés, leurs pertinences et un calendrier de mise en œuvre pour en faciliter le monitoring. Ces 15 corridors cyclables sont d’ailleurs pour l’instant, encore un mystère pour le GRACQ qui n’a pu consulter les projets annoncés. Ceux-ci sont-ils complémentaires aux 6 itinéraires et 4 jonctions structurants (qui avaient été définis dans le Plan Communal Cyclable de 2011 et qui, à l’heure actuelle, n’ont pas été réalisés), ou les intègrent-ils ?
Les visuels diffusés lors de l’officialisation de l’arrivée du tram à Liège ne sont pas en mesure de nous rassurer car les aménagements proposés ne constituent pas ce qui était prévu dans le Plan Communal Cyclable (itinéraire 1) ou ce qui est prévu dans le Plan Urabin de Mobilité, c’est-à-dire des tronçons en site propre comme le GRACQ l’avait demandé lors de l’enquête publique en 2013. A tout le moins, on peut y voir des tronçons de pistes cyclables en voirie ou des zones cyclo-piétonnes qui sont sources de conflits entre usagers et qui, ne permettront en aucun cas, un développement significatif de l’usage du vélo à Liège.
Le GRACQ insiste également pour que les aménagements proposés soient réfléchis en fonction des standards et pratiques mis en œuvre en Flandre, aux Pays-Bas et au Danemark.
Nous insistons aussi pour que les autorités communales soient leaders sur ces dossiers et qu’elles ne remettent plus sur d’autres opérateurs (OWT, SPW, autres communes…) la responsabilité d’une politique ambitieuse de mobilité.
Concernant la place de la voiture en ville, nous craignons que les autorités se satisfassent, à grands budgets (qu’ils soient privés ou publics), d’enfuir les voitures via du stationnement souterrain au lieu de diminuer le nombre de véhicules au centre-ville. En plus des nuisances que cela génère (bruit, pollution, espace public confisqué, …), nous savons que la pression automobile est un frein à la marche et à l’utilisation du vélo. Nous encourageons donc les autorités à avoir un objectif de réduction du nombre de voitures en ville par la mise en place d’alternatives crédibles pour les liégois.e.s ET en dissuadant les automobilistes de pénétrer en ville.
En conclusion....
Cette DPC annonce donc des changements importants en matière de mobilité à Liège, favorables aux modes les moins polluants et les plus respectueux de la qualité du cadre de vie.
Nous nous en réjouissons mais nous resterons particulièrement attentifs à la mise en œuvre effective de ces intentions qui, pour être réellement crédibles doivent produire des effets sur le terrain.
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Ilustrations/photos : Wacy, GRACQ Liège et Raphaël Pilette