Interpellation
Le projet de "Corridor rive gauche" dédié aux modes actifs est à l'enquête publique jusqu'au 14 février et si, selon nous, il s'agit d'un beau projet, en matière cyclable il contient encore certaines erreurs typiques des mauvais aménagements liégeois. Donnez votre avis durant l'enquête publique pour faire entendre vos besoins d'aménagements continus et de qualité !
De quoi s'agit-il ?
L’enquête publique en cours porte sur le réaménagement d’une section du quai de Rome à hauteur du pont du Val-Benoit, ainsi que sur le tronçon Prémontrés/Cockerill et Cockerill/Cité.
- Le projet « Val-Benoît/Quai de Rome » constitue un aménagement somme toute léger pour raccorder l’EuroVélo 9 qui passe rue Ernest Solvay vers la Meuse. Aucune ambition démesurée, mais un chaînon manquant bien utile.
- Le projet Prémontrés/Cité constitue dans son ensemble d’un beau projet qui va rebalancer l’espace public, rendre les quais aux Liégeois et permettre de boucler un itinéraire malheureusement trop souvent « cyclo-piéton » depuis le Pont de Fragnée jusqu’à Coronmeuse. Reconnaissons également que ce projet va aussi éliminer des aménagements de type autoroutier en centre, replacer de la végétation sur les quais, offrir quelques cheminements agréables pour les piétons…
Le Gracq Liège a été « associé » au comité de pilotage de ce projet : pour en savoir plus sur la manière dont cela s’est passé, nous vous invitons à lire la deuxième partie de cet article.
Toutefois, les plans mis à enquête publique restent encore décevants sur certains choix techniques qui concernent les itinéraires cyclables. C’est pourquoi le Gracq invite les habitants de Liège à prendre connaissance des éléments essentiels qui font défaut dans ce projet et de réagir à l’enquête publique pour conforter nos réclamations.
Nos remarques
Une meilleure lisibilité des aménagements
Tout comme pour les quais actuels ou les itinéraires mélangés piétons/vélos du tram, ce projet continue à persister dans l’utilisation de bétons gris rugueux/gris lisse pour délimiter de façon peu lisible les endroits où les vélos sont sur une « piste » des zones où les piétons devraient cheminer. De même sur le tronçon quai de Rome Val-Benoît, on utilise des pavés de couleur identique.
Nous demandons instamment à la Ville de revoir ce choix de matériaux et au minimum d’opter pour des bétons de couleur ocre pour matérialiser l'espace réservé aux cyclistes.
Nous demandons instamment à la Ville de revoir ce choix de matériaux et au minimum d’opter pour des bétons de couleur ocre et/ou des clinckers de couleur ocre afin d'offrir un effet de contraste comme le préconise la Sécurothèque du SPW. Les auteurs de projets se retranchent sur la continuité architecturale…. Donc, comme on est parti sur une mauvaise piste avec les quais il y 10 ans, qu’on a fait les mêmes erreurs pour le tram, et bien, continuons sur notre lancée…
Une continuité dans les aménagements
Des pistes en pointillés : même si nous devons reconnaître de grosses améliorations par rapport au projet présenté il y a 2 ans, il y aura depuis les Prémontrés jusqu’au rond-point Cité un itinéraire complet. C’est un grand progrès par rapport au projet initial.
Par contre, nous regrettons toujours cette architecture qui interrompt les pistes à chaque croisement d’un cheminement piétons. Pire, les zones d’attente aux feux pour les piétons sont juste dans l’axe des flux cyclables. Alors que le rôle des pouvoirs publics est de pacifier la ville, les aménagements proposés seront, à ces endroits, sources de conflits.
La réponse classique des autorités est de nous dire que les vélos n’ont qu’à appliquer le principe STOP et faire attention aux piétons. Cette interprétation du principe STOP est abusive et nous insistons à nouveau pour que les croisements vélos/piétons soient mieux matérialisés dans l’intérêt des 2 catégories d’usagers.
Une question de bon sens dans les aménagements
Au niveau des Prémontrés
Le goulot présenté par le rond point des Prémontrés n’est pas bien traité : nous avons compris qu’une partie de la surface était hors de la zone de projet, et que pour cette raison la piste cyclable serait interrompue « bêtement » sur une cinquantaine de mètres. Cette situation est vraiment ridicule et pourrait être rectifiée facilement, car elle va crée une zone accidentogène pour les piétons qui devront négocier une chicane dans leur cheminement.
Une partie du projet étant "hors zone d'intervention", la piste cyclable sera interrompue « bêtement » sur une cinquantaine de mètres.
Au niveau de l'avenue des Tilleuls
Le raccordement de la nouvelle piste à l’entrée de l’avenue des Tilleuls n’est pas bien étudié : les vélos devront traverser un petit passage puis rouler sur une section de trottoir avant de retrouver la piste. Nous demandons un meilleur aménagement en aval de l’entrée pour rejoindre plus facilement la piste (idéalement une traversée diagonale double sens…), quitte à supprimer quelques places de parking.
Participez à l'enquête publique avant le 14 février
Inspirez-vous de ce texte et adaptez-le car un simple copier/coller ne sera pas pris en compte.
Vous devez renvoyer vos remarques avant le 14/02 à 11h30 par mail à enquete.urbanisme@liege.be en mettant en entête « V/93744 G – Aménagement d’un corridor mode doux » et en mettant vos noms, prénoms et adresse au bas de votre mail.
Et si vous avez plus de curiosité, voici le lien vers tous les plans.
ARTICLE BONUS !
Une concertation qui durant deux ans n’en a pas été vraiment une
Lorsque le Ministre Wallon des Infrastructures a accordé à la Ville des subsides pour ce projet et lui a confié la maîtrise de la réalisation (sur voiries régionales), il avait bien été convenu qu’une concertation serait organisée, notamment avec les représentants des cyclistes et le Gracq fût donc associé.
Des réunions sporadiques ont eu lieu, mais comme très souvent, la concertation à Liège se résume à de l’information, avec présentation de plans qu’il est trop tard pour faire évoluer. Cette manière de faire qui n’est pas l’apanage de la Ville de Liège uniquement empêche de travailler en avance de phase, de proposer des alternatives et d’obtenir plus facilement un consensus.
Dans le cas présent, nous devons reconnaître que des efforts pour intégrer de multiples acteurs ont été réalisés et à présent que les plans sont publics et que nous ne sommes plus tenus par les accords de confidentialité, nous voulions souligner deux faits marquants à nos yeux :
- Rampes du pont Kennedy
Au premier trimestre de cette année, nous nous sommes retrouvés dans une grande réunion de concertation autour du pont Kennedy, avec une vingtaine de participants et les auteurs de projets – comme d’acoutumée – venaient avec des plans « pliés » : ces plans ne comportaient plus de pistes cyclables sur les rampes du pont Kennedy, alors que ces connexions sont essentielles. L’objectif était de verduriser plus et de faire partager un étroit trottoir aux piétons et aux vélos.
Nous avons tenu bon dans cette discussion et il est remarquable de constater que MM. les Echevins de la Mobilité et des Travaux nous ont soutenu et ont réussi à faire bouger les positions des auteurs de projet. Qu’ils en soient remerciés.
- Un comité de concertation, vraiment?
A contrario, lors de la dernière CCCV (Commission Consultative Communale du Vélo), nous avons dû un peu hausser le ton car le reste du projet n’avait fait l’objet d’aucune présentation à un comité de concertation.
Un peu en catastrophe, une réunion a été organisée au bureau Greisch pour nous permettre de voir les plans et nous avons fait nos remarques. Malheureusement, aucune de nos remarques n’a été prise en compte dans les plans remis à l’enquête publique, et pour cause, les plans étaient déjà « pliés » et le dossier engagé dans le processus administratif qui mène à l’enquête en cours.
Après avoir traîné durant 2 ans, on peut comprendre l’empressement des autorités à avancer rapidement, mais finalement nous regrettons à nouveau de devoir pousser le public à introduire des réclamations pour des points qui auraient pu être réglés d’une manière aussi constructive que le furent les rampes du pont Kennedy.
La volonté du Gracq Liège demeure bien de travailler de manière constructive et le plus en amont possible pour une meilleure et plus facile intégration des besoins des modes actifs et in fine n'avoir qu'une chose à dire publiquement : « excellent projet, félicitons tous les partenaires »…