Le tram à Liège, c’est tout, on en reste là ?

Interpellation

Le tram à Liège, c’est tout, on en reste là ?

Depuis 2013, le GRACQ Liège n’a de cesse d’interpeller les acteurs du dossier pour attirer leur attention sur la faiblesse des aménagements à certains endroits clés. Après 8 ans d’action, force est de constater que nous n’avons pas réussi à faire bouger les lignes. On en appelle donc aux forces vives liégeoises pour qu’elles prennent le relais et qu’elles interviennent dans tous les cénacles qu’elles jugent utiles et auxquels nous n’avons pas accès. Sans ça, ce dossier qui va nous impacter pour des décennies, va dégrader la sécurité des piétons et des cyclistes et diminuer l’efficacité des déplacements à vélo à différents endroits stratégiques de la ville.


Madame la députée,
Monsieur le député,
Madame la conseillère communale,
Monsieur le conseiller communal,

Si nous vous contactons ce jour, c’est pour vous demander votre soutien dans un dossier qui va changer la Ville de Liège, un dossier ô combien symbolique, celui du tram de Liège.

Au sein du GRACQ Liège, le retour du tram en cité ardente est vécu comme une très bonne nouvelle et nous pouvons affirmer qu’il y aura un AVANT et un APRÈS tram. Que l’espace accordé aux déplacements à pied et à vélo sera sensiblement plus important et c'est une très bonne chose. Nous avons hâte de voir ce nouvel outil de mobilité serpenter dans les rues de la ville au profit d’une mobilité plus apaisée et plus équilibrée entre les différents modes de transports. 

Cependant, depuis le début de ce projet (2013), nous interpellons les autorités communales et régionales pour attirer leur attention sur le fait qu’à certains endroits stratégiques, les aménagements proposés :

  • dégradent l’efficacité des déplacements à vélo,
  • ne répondent pas aux besoins des (futur.e.s) cyclistes,
  • ne sont pas adaptés à l’autonomisation des personnes de 8 à 80 ans ainsi que des Personnes à mobilité réduite (PMR), 
  • ne sont pas de qualité et d’un gabarit suffisant pour une ville qui souhaite atteindre au moins 10% de part modale cyclable en 2030. 

Alors que ce projet va nous impacter pour des décennies, nous sommes étonnés de constater le nombre d’obstacles et de difficultés qui vont jalonner le parcours des personnes souhaitant se déplacer à vélo. Que ce soit par un manque de continuité, un manque de simplicité ou un manque de lisibilité des itinéraires. Il est également consternant de constater que pour les autorités, la mixité cyclo-piétonne soit encore une option dans des zones où le transit de cyclistes est et sera toujours important. 

A notre plus grand regret, nous constatons que l’efficacité du vélo sera fortement impactée dans des endroits clés pour les cyclistes ! Nous ne parlons pas ici de coins perdus de la cité ardente mais d'endroits stratégiques ! Si vous roulez à vélo ou que vous vous intéressez à la mobilité, vous savez que le premier argument évoqué par les personnes se déplaçant à vélo est l’efficacité de ce mode de transport en milieu urbain sur les courtes et moyennes distances. Loin devant la santé, la qualité de l’air ou l’environnement (1). 

Si nous suivons ce dossier depuis de longues années, il nous a fallu beaucoup d’énergie pour obtenir, avec le soutien du cabinet du Ministre wallon de la mobilité, que le TEC (OTW) accepte notre demande de pouvoir consulter les plans de ce chantier dans leurs versions les plus récentes. Notre volonté étant de nous assurer de la bonne prise en compte des besoins des cyclistes (et futur.e.s cyclistes). Après avoir consenti à nous soumettre à une clause de confidentialité pour ne pas ébruiter les détails de ce projet public, nous avons participé à plusieurs réunions avec le TEC (parfois en présence de la Ville de Liège) dans un climat très constructif. Nous en profitons pour remercier nos interlocuteurs directs.

Mais force est de constater que les quelques améliorations obtenues au cours de ces rencontres sont faibles pour ne pas dire anecdotiques. Tout le travail déployé en soirée, durant des WE ou lors de ces réunions en journée (nous rappelons que nous sommes bénévoles et que certains d’entre nous ont dû prendre congé pour y assister) n’a pas permis de faire évoluer de façon suffisante la place du vélo dans ce projet. 

Après 8 ans d’action, nous faisons le constat que nous n’avons pas réussi à faire bouger les lignes. On en appelle donc aux forces vives liégeoises pour que vous preniez le relais, que vous représentiez les personnes voulant se déplacer à vélo à Liège dans tous les cénacles que vous jugerez utiles et auxquels nous n’avons pas accès.

Si vous acceptez de vous saisir de ce dossier et si l’accès aux plans de ce projet de transport public vous est autorisé, nous vous invitons à procéder de la même façon que nous le faisons, à savoir analyser ces plans en vous mettant à la place de différents usagers comme un.e jeune cycliste de 1ere secondaire, une personne âgée ou une personne qui se déplace avec une chaise roulante motorisée (2)

Nous vous invitons à vous interroger sur les points critiques suivants :

L’esplanade des Guillemins

Dont la gestion est du ressort de la Ville de Liège.

Le tronçon cyclable devant l’esplanade des Guillemins, point névralgique de la mobilité liégeoise, sera fortement impacté au niveau de son efficacité. D’une part, il devra traverser une zone où il sera bordé de façon immédiate par des terrasses Horeca d’un côté et des bancs publics de l’autre. D’autre part, il faut regretter l'absence d’un cheminement clairement identifié par un marquage au sol visible (3) par tous les usagers de cet espace, ce qui engendrera des conflits permanents entre usagers. 

A la lecture des plans, estimez-vous que :
--> L’aménagement proposé actuellement garantit-il l’efficacité du vélo ?
--> Incite-t-il à l’utilisation du vélo comme mode de déplacement ?
--> Ne favorise-t-il pas les conflits entre piétons et cyclistes ?

Les traversées du boulevard d’Avroy et du boulevard de la Sauvenière

Dont la gestion est du ressort de la Ville de Liège et du Service Public de Wallonie.

L'absence de cheminements clairement identifiés par un marquage au sol (4) et compréhensible de tous les usagers aura pour conséquence une augmentation des situations de conflits entre cyclistes et piétons. 

De plus, à hauteur de certaines stations (Charlemagne, Pont d’Avroy et Lonhienne), les traversées du boulevard d’Avroy et de la Sauvenière seront soit impossibles, soit compliquées. L'allongement des stations à une longueur de 65m (5) est déjà évoquée. Un cheminement cyclable sûr et continu sera-t-il encore possible dans ces lieux de connexions entre quartiers?   

Ces deux questions s’appliquent pour les traversées depuis la rue Ste Marie pour rejoindre les quais de Meuse (SPW), des rues Botanique et Augustins pour se connecter au Boulevard Piercot (SPW et Ville de Liège), de la rue Hazinelle pour rejoindre les aménagements du Boulevard d’Avroy (Ville de Liège), de la rue Lonhienne pour rejoindre la place Xavier Neujean (Ville de Liège). 

A la lecture des plans, estimez-vous que :
--> Les aménagements proposés actuellement garantissent l’efficacité du vélo ?
--> Incitent à l’utilisation du vélo comme mode de déplacement ?
--> Ne favorisent pas les conflits entre piétons et cyclistes ?

La liaison Opéra > Place du Marché

Dont la gestion est du ressort de la Ville de Liège
(à l’exception de la traversée de la N3)
:
Depuis l’Opéra vers la place du Marché, l'absence de cheminement propre au vélo et bien visible (6) dans un des espaces piétons les plus fréquenté de Wallonie aura pour conséquences une forte augmentation des situations de conflits entre usagers sur ce tronçon très utilisé par les cyclistes dans une fonction de transit. Si l’installation de clous a été évoquée, elle nous semble totalement insuffisante pour rendre visible (et crédible) ce cheminement cyclable.  

A la lecture des plans, estimez-vous que :
--> L’aménagement proposé actuellement garanti-t-il l’efficacité du vélo ?
--> Ne favorise-t-il pas les conflits entre piétons et cyclistes ?

La liaison Place St-Lambert > Esplanade St-Léonard

Dont la gestion est du ressort de la Ville de Liège.

Dans le sens St-Lambert > St Léonard, l'absence de cheminement propre au vélo et bien visible (7) dans un espace fortement emprunté par les piétons, les cyclistes et prochainement le tram aura ici également pour conséquence une augmentation forte des situations de conflits entre cyclistes et piétons. 

Si la consigne est d’utiliser les quais de Meuse pour rejoindre la place des déportés, en plus d’imposer un détour aux cyclistes, est-il pertinent d’envoyer des enfants ou des familles par un itinéraire qui nécessite de traverser par deux fois une voirie régionale ? Une alternative par la rue Hors-château ne serait-elle pas plus efficace ?

A la lecture des plans, estimez-vous que :
--> L’aménagement proposé actuellement garanti-t-il l’efficacité du vélo ?
--> Incite-t-il à l’utilisation du vélo comme mode de déplacement ?

Les traversées des Quais de la Batte, de Maastricht et St-Léonard 

Dont la gestion est ressort du Service Public de Wallonie :
Tout comme le RAVeL avait été pensé à l’époque sans réelles connexions avec les localités qu’il traverse, les aménagements cyclables sur ces quais ne proposent pas  de connexions simples et efficaces pour rejoindre la cité administrative et le quartier nord. Ce manque d’aménagements réduit la connectivité des cheminements pour les cyclistes et ne favorise donc pas l’usage du vélo. Il nous semble essentiel de connecter avec des traversées cyclables adaptées les quais aux quartiers. 

A la lecture des plans, estimez-vous que :
--> L’aménagement proposé actuellement garanti-t-il l’efficacité du vélo ?
--> Incite-t-il à l’utilisation du vélo comme mode de déplacement ?
--> Ne favorise-t-il pas les conflits entre piétons et cyclistes ?

La rue Ernest Solvay

Dont la gestion est du ressort de la Ville de Liège.

Pour rejoindre son domicile de la rue E. Solvay depuis le Val Benoît, un.e habitant.e de cette rue devra contourner son quartier (et donc effectuer un détour) ou utiliser les trottoirs (ce qui n’est pas souhaité) si cette rue n’est pas mise en Sens Unique Limité (SUL) ou si un aménagement adapté n’est pas proposé.

A la lecture des plans, estimez-vous que :
--> L’aménagement proposé actuellement garanti-t-il l’efficacité du vélo ?
--> Incite-t-il à l’utilisation du vélo comme mode de déplacement ?

Nous sommes conscients que ce dossier est complexe et fort contraint mais il nous semble essentiel, pour des aménagements qui vont nous impacter pour des décennies, de les adapter aux pratiques actuelles et futures et non aux besoins (dépassés) du passé.

Voilà les principaux points qui nous préoccupent et pour lesquels nous n’avons pu, pour l’instant, obtenir d’améliorations suffisantes. 

Pour conclure, en tant qu’élu.e de Liège, vous avez suivi de près les consultations publiques RÉINVENTONS LIÈGE et LIÈGE 2025 dont les résultats placent, pour chacune d’entre-elles, la création d’un réseau cyclable en tête des priorités des liégeois.e.s. 

Comme nous, vous constatez également chaque jour un nombre croissant de cyclistes dans les rues de Liège (8). Cette pratique (bonne pour la mobilité, la santé, l’environnement, …) pourrait être largement augmentée par des personnes qui, à l’heure actuelle, estiment que la ville n’est pas assez adaptée pour se déplacer à vélo (9). Il serait dommage que les aménagements liés au tram ne permettent pas, vu les montants engagés et la volonté affichée, de faire évoluer positivement la cyclabilité de la ville sur l’ensemble du tracé du tram. 

Nous espérons vivement qu’il ne faudra pas attendre une génération de plus pour que Liège jouisse d’une infrastructure cyclable adaptée. Des villes en France et ailleurs ont montré qu’il était possible d’adapter en quelques années, et avec succès, une ville à l’usage du vélo. Nous espérons pouvoir compter sur vous pour peser autant que possible dans ce dossier qui en a bien besoin. 

Nous restons bien entendu à votre écoute pour toute information complémentaire.

En vous remerciant pour le temps que vous avez consacré à nous lire, nous vous transmettons nos sentiments les meilleurs.

Les membres du GRACQ Liège,

 

 

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[1] https://international.kk.dk/sites/international.kk.dk/files/velo-city_ha...

[2] En plus des cyclistes, un réseau cyclable sûr et continu est un outil extraordinaire pour l’autonomie des personnes se déplaçant en chaise roulante motorisée (https://www.youtube.com/watch?v=xSGx3HSjKDo).

[3] Pour l’instant, seuls des “clous” peu visibles et quelques chevrons permettront d’identifier ce cheminement cyclable. Comme cela se pratique dans bien des régions, nous demandons que les pistes cyclables soient de couleur rouge et que celle-ci soit appliquée “dans la masse” et non ajoutée par la suite. Ceci offrant une visibilité et une durabilité accrue. La présence de bancs et la possibilité que des terrasses soient installées le long de ce cheminement nous questionnent fortement.

[4] Pour l’instant, aucun élément ne permettra d’identifier ce cheminement cyclable. Comme cela se pratique dans bien des régions, nous demandons que les pistes cyclables soient de couleur rouge et que celle-ci soit appliquée “dans la masse” et non ajoutée par la suite. Cela permettant une visibilité et une durabilité accrue.

[5] Si la capacité du tram se révèle insuffisante, il est prévu d’ajouter une rame à chaque tram et d’allonger les stations à 65m afin de pouvoir accueillir ces dernières.

[6]  Idem remarque 4.

[7]  Idem remarque 4.

[8] Plus de 155 000 personnes résident en fond de vallée dans un rayon de 10km du centre de Liège. Une distance réalisée en 20 minutes. Le potentiel est donc énorme, sans compter qu’un vélo sur deux vendu cette année est un vélo à assistance électrique.

[9] Pour rappel, lors du baromètre cyclable organisé en 2019, 2 500 cyclistes ont attribué un F à la cyclabilité de la Ville de Liège sur une échelle allant de A à G. http://liege.gracq.org/Barometre