Action & lobby
En 2020, le GRACQ Liège proposait aux cyclistes de la cité ardente d’évaluer le dispositif de stationnement “vélo” des supermarchés qu’elles/ils fréquentent habituellement. Un peu plus de deux ans plus tard, des bénévoles du GRACQ ont pris le relais et ont repassé au crible ces mêmes enseignes dans l’espoir d’observer une amélioration. Voici les résultats de cette analyse.
Tout comme lors de l’enquête menée en 2020, l’analyse s’est concentrée sur les supermarchés disposant d’un parking « auto » avec comme critères d’évaluation :
- la présence et le type de dispositif (arceau, pince-roue…),
- le nombre d'emplacements,si le lieu bénéficie d’une surveillance sociale,
- la protection contre les intempéries,
- la présence d'un dispositif d'éclairage.
Ces données permettent de classer les enseignes sur une échelle de A à G correspondant à un climat allant de “très favorable” (A) à “très défavorable” (G).
L’objectif de cette action est avant tout de sensibiliser les responsables des magasins dont le dispositif de stationnement est inadapté (ou inexistant) et de féliciter les commerçants dont le dispositif de stationnement est “vélo compatible”.
Le vol de vélo à Liège est une dure réalité et si nous pensons percevoir une légère amélioration grâce aux efforts de la police, nous tenons à rappeler que 10% des personnes victimes d’un vol de vélo font le choix de ne plus se déplacer à vélo. Elles sont 30% à limiter leurs trajets aux destinations qu’elles considèrent comme sûres.
Il est donc vital qu’une offre de parking sécurisée et adaptée
soit proposée pour soutenir les déplacements à vélo du quotidien
dans notre ville.
Un bilan qui s’améliore doucement mais sûrement !
Les bons élèves, c’est-à-dire les magasins classés dans la catégorie A passent de 5 unités en 2020 à 10 unités en 2023. Parmi les 18 magasins classés de A à C, 10 ont amélioré leur cote, certains passant de G ou F à A. C’est évidemment très positif de voir une telle évolution.
Pour les catégories de D à G, soit la situation est restée identique soit, et c’est plus surprenant, la situation s’est détériorée avec une dégradation du dispositif en place ou une disparition pure et simple.
Enfin, à la question de savoir si une chaîne de magasins est plus accueillante que les autres vis-à-vis des clients qui se déplacent à vélo, nous constatons que la qualité des aménagements dépend avant tout de :
- la date de construction/rénovation du bâtiment,
- du dynamisme et de la sensibilité à l’égard de la mobilité active de son directeur/gérant.
Suite à l’enquête menée en 2020, des bénévoles du GRACQ ont pris le temps d’aller à la rencontre des responsables des supermarchés évalués. Dans certains, une écoute attentive et une réelle volonté d’améliorer la situation ont permis d’améliorer celle-ci rapidement comme peuvent en témoigner les résultats cités plus haut.
Dans d’autres cas, ce travail de sensibilisation n’a pas (encore) permis de faire évoluer la situation. Nous espérons dès lors que la Ville de Liège prendra le relais en prenant contact avec l’ensemble des enseignes dont l’accueil des cyclistes est jugé défavorable pour les inviter à prendre part à l’objectif de la Ville d’atteindre un part modale cyclable de 10% à l’horizon 2030.
Et pour les supermarchés sans parking?
Le secteur de la grande distribution est, on le sait, en pleine mutation. Le nombre d’enseignes qui développent des magasins de plus petites tailles et sans parking au cœur des villes/ quartiers est en croissance.
A cette catégorie, il faut ajouter les supermarchés dont le parking “auto” est inadapté à l’accueil des cyclistes car situé en étage ou en sous-sol et sans surveillance sociale.
Pour l’ensemble de ces magasins, nous demandons à la Ville de Liège de se montrer proactive en continuant de développer une offre de stationnement à proximité de l’entrée de ces enseignes :
- Soit en récupérant de l’espace sur le trottoir si cela est possible, c’est-à-dire sans gêner les flux piétons et PMR.
C’est par exemple le cas relevé pour le CARREFOUR situé sur la place des Guillemins, profitant tous deux d’arceaux placés sur le domaine public, à proximité de l’entrée.
- Soit en récupérant de l’espace de stationnement “voiture “ sachant qu’une place permet le stationnement de six à dix vélos.
C’est par exemple le cas relevé pour l’ALDI situé rue des Guillemins où 5 arceaux (10 emplacements) ont été installés sur un emplacement précédemment réservé aux voitures, juste devant l’entrée du magasin. Cela permettrait à la Ville de compléter l’offre de stationnement voiture shop’n drive1 et à rendre les commerces plus attractifs envers, cette fois, les cyclistes qui constituent un public plus fidèle que les clients se déplaçant en voiture.
Pour guider la Ville dans cette politique d’accessibilité des commerces aux personnes se déplaçant à vélo, nous nous permettons de partager ici une liste non exhaustive des supermarchés pour lesquels la création de stationnements sur le domaine public et à proximité des entrées de supermarchés nous semble nécessaire :
- Carrefour situé Boulevard d'Avroy, 31,
- Carrefour situé rue de la Cathédrale, 111,
- Carrefour situé rue Féronstrée, 27, (après les travaux du tram),
- Carrefour situé rue Saint Léonard, 14,
- Carrefour situé Avenue Destenay,
- Carrefour située rue St-Gilles,
- Al' Binète situé Place Cockerill,
- Carrefour situé Place Général Leman, 31,
- Louis Delhaize situé Place des Guillemins, 2b2.
Des initiatives à souligner
Bien qu’ils ne soient pas considérés comme des supermarchés, nous tenons ici à féliciter tous les magasins de Liège qui, ces derniers mois, ont mené des politiques volontaristes pour permettre aux cyclistes de faire leur course l’esprit serein.
Nous pensons en particulier aux Petits Producteurs dont chaque magasin comporte un espace vélo à l'intérieur du magasin ou à OUFTICOOP qui installe un dispositif (nous espérons que le pince-roues sera prochainement remplacé par des racks) durant leurs heures d’ouverture.
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(1) : Concernant l’inclusion dans le dispositif SHOP’N DRIVE de la Ville de Liège, notre demande ne consiste pas à doter les emplacements vélos d’un capteur qui détermine si la place est libre ou occupée ;-) mais tout simplement d’installer des arceaux devant les entrées des magasins.
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Quels sont les besoins de la clientèle à vélo ?
De manière générale, le stationnement vélo lié au commerce est un stationnement de type « courte durée » qui ne nécessite pas les mêmes aménagements que du stationnement de moyenne et longue durée.
Il convient cependant d’offrir un dispositif :
- proche de l’entrée du magasin,
- facilement accessible (pas de bordure ou de voitures stationnées devant),
- sûr (permettant de bien attacher son vélo : les pince-roues sont à proscrire) et bénéficiant d’un contrôle social,
- confortable (éclairé, à l’abri des intempéries, n’abimant pas le vélo et permettant l’accès à tous types de vélo comme les longtail et vélos cargo),
- adapté au niveau du nombre de places.
Cinq bonnes raisons de choyer sa clientèle à vélo
Que ce soit aux Pays-Bas, au Danemark, en Flandre, à Bruxelles, en Wallonie ou ailleurs, les constats sont les mêmes. Les cyclistes sont des clients plus fidèles et demandent moins d’investissements pour les accueillir.
Favoriser l’usage du vélo pour un commerce, c’est :
- Augmenter sa zone de chalandise en attirant des clients d’autres quartiers,
- Accueillir plus de monde avec la même surface de parking,
(8 vélos peuvent être stationnés sur un emplacement ne pouvant accueillir qu’une seule voiture), - Réduire le besoin en surface de stationnement et donc réduire les coûts d’achat et d’entretien,
- Fidéliser une clientèle qui ne demande que ça.
Les cyclistes sont en règle générale fidèles aux enseignes qu’ils fréquentent et si les quantités achetées sont plus modestes que celles d’un automobiliste, ils repassent plus souvent et prennent vite des habitudes !
Proposer des aménagements de qualités aux cyclistes, c'est aussi donner une image socialement responsable de son enseigne et soutenir sa clientèle en période de crise financière en lui permettant de ne pas dépendre d’une voiture pour faire ses courses.