Interpellation
Comme de tradition chaque année, l’équipe de bénévoles du GRACQ Liège tire un bilan des évolutions de la cyclabilité sur le territoire de la Ville de liège ! Traditionnellement, nous faisons un bilan sous forme de “tops” et de “flops”. Cette année, nous avons préféré étendre l’analyse en utilisant un quadrant SWOT (Strength, Weakness, Opportunities & Threats) : c’est une méthode utilisée couramment qui permet en fait de mettre en évidence les points forts, les points faibles mais également les opportunités et aussi les freins à l’amélioration du climat cyclable dans notre cas. Dans notre cas, nous parlerons de tops, de flops, d’espoirs et de freins !
Les TOPS
- La rénovation du boulevard Kleyer avec une piste en couleur et bien délimitée. Bravo à la Ville, à poursuivre… sur le reste du boulevard d’abord, ainsi qu’aux carrefours importants.
- L'augmentation significative du nombre d'arceaux vélos en voirie, avec de meilleures implantations, une meilleure prise en charge des trottinettes avec un règlement communal “modèle”, ainsi qu’une prévision de nouveaux box en 2023. A noter aussi l’essai du dispositif "Bikeep" (14 emplacements).
- Les iInitiatives de la Ville et des sociétés privées pour mise à disposition de parkings surveillés lors d'événements ! A amplifier…
- Enfin du marquage clair des pistes cyclables en quai de Rome et quai Orban en zones "cyclo-piétonnes", après 7 ans d'attente et 2 ans de combat ! Cette action du SPW Routes de Liège a permis de réduire les conflits avec les piétons.
- Les améliorations des parkings vélos SNCB Guillemins (accroissement capacité et sécurisation). Des modifications encore en cours qui devraient augmenter fortement la capacité de parking sécurisé.
Les FLOPS
- Aucune nouvelle infrastructure cyclable sur le domaine SPW n’a été réalisée depuis 2 ans ! Encéphalogramme plat… Et pourtant, nous sommes associés de manière très constructive dans l’examen des plans : mais pas la moindre concrétisation.
- L'entretien insuffisant des infrastructures et des marquages côté Ville (sans relance de notre part, rien ne bougeait). Alors que les marquages parking riverains, shop and go, kiss and ride au niveau des écoles font l’objet de soins particuliers. Il est d’ailleurs dommage de constater l’importance donnée à ce dispositif “kiss and ride” au niveau des écoles, alors que l’alternative de rues scolaires n’est pas envisagée.
- Le flop des marquages ronds-points Ville : 28 ronds-points promis, 13 accordés par la Police et 2 réalisés, mais avec un marquage non conforme aux plans. Malgré nos relances, nous n’obtenons pas de réponses pour savoir si ce dossier va progresser.
- Déjà 2 ans de retard pour le parking vélos sécurisé Ville (ex-Zeeman rue de l'Université) : arrivera-t-il avant les élections de 2024 ? Ou après le tram ?
- Aucun progrès pour notre demande d'amélioration de la liaison cyclable rive droite (Fétinne-Saucy) : aucune réponse des autorités (Ville et SPW)... Un certain dédain de la rive droite prévaudrait-il ? Le tram ne va pas passer par là, donc on peut y faire tout de suite de petites améliorations…
- Alors que les Coronapistes durant le COVID et/ou durant la crise Energie auraient pu faire basculer les choses, aucun aménagement provisoire n'a été réalisé à Liège contrairement à la plupart des villes européennes. Et justement les travaux du tram auraient permis de faire ce genre d’aménagements temporaires.
- Rue Maghin (=suppression de la nouvelle piste) et autres dossiers chauds : les concertations sont biaisées ou réalisées en catimini.
- Une fois de plus, la Ville et le SPW ratent le coche. Très peu d'aménagements ont été réalisés alors que la demande pour se déplacer à vélo est forte.
LES FREINS
- Le vol de vélo qui risque de limiter les déplacements à vélo ! Et la perception qu'il n'est pas pris encore au sérieux par les autorités.
- Le manque de moyens humains au niveau du SPW Liège qui ne permet pas de mettre en œuvre les promesses et les projets, et les crédits disponibles qui risquent de ne pas être utilisés avant la fin de la législature.
- L'excuse du chantier du tram utilisée pour ne rien faire avancer comme dossier vélo, particulièrement côté SPW routes de Liège. En rive droite, il y a par exemple l’aménagement cyclable de la N3 qui est toujours en suspens. Et de nombreux “quick wins” partout en Ville.
- Le Pont de Fétinne, dont l'élargissement est refusé par l'agence wallonne du patrimoine, pont qui risque donc de perdre son unique piste cyclable, au profit d'une bande centrale pour les BHNS : on risque de réduire encore le niveau de sécurité sur une des principales transversales de la Ville.
- Le manque de collaboration politique entre Ville et Région, qui feraient mieux de travailler ensemble plutôt que de chercher à rejeter les responsabilités sur l'autre partenaire : dans nos discussions sur les correctifs du projet du Tram, nous souffrons de cette situation et le bilan des correctifs est plutôt maigrichon.
- Ville et Région (SPW) qui communiquent sur le vélo sur des projets ponctuels, mais pas pour donner leur vision d'ensemble de la politique cyclable à Liège. Ce qui traduit un manque d'ambition et de vision communes et partagées.
- Les autorités qui continuent à soutenir principalement une mobilité carbonée (voitures, camions... thermiques). Des solutions décarbonées efficaces existent, le vélo en fait partie, par exemple pour les livraisons (dernier kilomètre). Elles doivent être davantage aidées. Un hud de distribution en ville, la Poste qui pourrait livrer les colis en vélo (comme dans d'autres villes wallonnes comme Huy ou Namur).
- L'approche des élections de 2024 qui risque de pousser le SPW Routes de Liège à privilégier les projets les plus faciles à réaliser à l'extérieur de la Ville au détriment de ceux qui doivent être réalisés en Ville, dans le but de quand-même montrer que cela avance et d'avoir des inaugurations coupe-rubans. Les accès Périphérie-Ville sont importants, mais si c'est pour se retrouver sans infrastructures sur les routes régionales qui traversent la Ville, on risquera de passer à côté de l'objectif et de continuer d'avoir un réseau discontinu.
Les ESPOIRS
- Le chantier Tram et les difficultés de mobilité devraient être mieux exploitées pour encourager la mobilité vélo. Il reste encore une longue période durant laquelle des actions seraient possibles.
- Les BHNS dont les aménagements connus prennent bien mieux en compte la mobilité active que ceux du tram où le vélo n'a été envisagé que sous un axe "loisir" dans des espaces cyclo-piétons générateurs de conflits.
- La SNCB qui doit encore réaliser d'autres aménagements et qui dispose de budgets : à cet égard, nous avons beaucoup d’espoirs sur la concrétisation de la piste cyclable en arrière de gare pour relier le Val-Benoît au Laveu, piste qui devrait déjà être réalisée depuis 14 ans.
- L'arrivée d'un nouveau chef de corps à la police = nouvelle dynamique, écoute et volonté d'avancer.
- Une action commune ZP de liège/Gracq sur la prévention Vol Vélos est en cours de préparation.
- Lors de sa visite à Liège le 15 octobre dernier, Stein Van Oosteren l'a affirmé : "Liège n'est pas encore très cyclable. Mais il y a de la place pour le vélo à Liège !"
- Des échéances électorales importantes approchent (2024). Dans le contexte actuel de crise climatique et énergétique, les partis politiques devront intégrer le vélo dans leurs programmes.
- La prise de conscience du besoin d'infrastructure vélo au niveau des administrations continue à progresser, grâce au dialogue avec des associations comme la nôtre, mais aussi grâce au fait que certains fonctionnaires se mettent également au vélo quotidien et enfin grâce à l'arrivée de nouveaux engagés plus sensibilisés à la mobilité active.
Contact presse :
ou 0475 87 34 87 (Serge SERON).