Des aménagements qui attisent les conflits entre usagers.

Action & lobby

Des aménagements qui attisent les conflits entre usagers.

Bien que la mixité piétons/cyclistes sur les aménagements destinés au transit ne fonctionne pas et attise les conflits entre usagers, la ville de Liège semble vouloir poursuivre dans cette voie. A moins que...

Ce lundi 5 juin, à notre demande, nous avons rencontré MM. les Echevins de la Mobilité et des Travaux, entourés de leurs collaborateurs impliqués dans les thématiques concernant la cyclabilité. L’objectif de cette réunion était d’évoquer 4 dossiers qui ont tous un point commun : la politique de mixité vélos/piétons que nous percevons au Gracq Liège comme un dogme de nos autorités communales.


Les dossiers abordés lors de cette rencontre :

  • Les itinéraires cyclables mixtes du Tram de Liège,
  • La transformation de la piste des bus du Boulevard d’Avroy en itinéraire cyclable,
  • Le futur aménagement d’un itinéraire entre le rond point des Prémontrés et le rond point Cité (autrement appelé “couloir rive gauche”),
  • La mise en piétonnier des places Xavier Neujean, Saint-Paul et Cathédrale et leur impact sur les itinéraires cyclables qui les traversent actuellement.

Tram de Liège - deux ans de refus

Le Gracq Liège travaille depuis plus de 2 ans à obtenir des améliorations par rapport au projet initial de 2012.  Compte tenu de la situation de conciliation entre l’OTW (TEC) et le consortium Tram’Ardent (Colas/CAF), nous nous sommes engagés à ne pas mettre de l’huile sur le feu et donc nous ne communiquerons pas de bilan des “avancées” obtenues.  Ceci sera fait dès que la concertation entre Tram ardent et les autorités aura abouti.

Toutefois, il est un point bien connu du grand public : la toute grande partie des aménagements cyclables de ce projet sont faits en mixité piétons/cyclistes.  Nous pouvons déjà dire que nous nous sommes heurtés ces dernières années à un refus des autorités impliquées d’envisager des améliorations et une séparation des flux.

C’est cette situation que nous avons voulu partager avec la Ville de Liège, qui même si elle n’est pas directement à la manœuvre dans ce chantier, porte quand même une responsabilité dans les choix opérés en 2012 et par un manque de volonté d’améliorer le projet en cours.

Ce n’est pas la première fois que nous revenons avec nos demandes : lors de cette réunion toutefois, nous avons enfin le sentiment que cette politique pourrait s’infléchir pour de futurs projets.  Nous restons convaincus que la perception de nos élus et de l’administration est parfois éloignée des réalités du terrain, car ils sont tous convaincus que la mixité vélos/piétons est bien vécue par les usagers.  

Du côté du Gracq Liège, nous en avons une autre vision, ne fût-ce qu’au travers des personnes qui nous contactent pour s’en plaindre (tant cyclistes que piétons).  De plus, nous pensons que cette mixité induit de nombreux usagers en erreur, avec un manque de lisibilité des zones partagées.  Enfin, le code de la route est complexe : piétonniers autorisés au vélo à 6 km/h, zones de rencontre à 20 km/h, zones partagées et RAVeL à 30 km/h, pistes séparées sans restriction de vitesse…  La réponse classique que nous entendons est toujours la même : les vélos n’ont qu’à appliquer le principe STOP (priorité au piétons).  Nous y opposons la volonté d’accroître la part modale du vélo et le besoin de pouvoir parcourir les itinéraires structurants avec un minimum de difficultés, avec une meilleure lisibilité, en évitant les conflits pour les piétons.

Transformation de la piste des bus du Boulevard d’Avroy

A plusieurs reprises, des informations ont été diffusées sur la transformation de cette piste de bus en zone partagée cyclistes/piétons, alors que les engagements que nous avions reçus étaient d’en faire une vraie piste cyclable permettant de relier les Guillemins au Pont d’Avroy de manière rapide.

La discussion a permis de nous rassurer, même si le projet est encore un peu flou (ce qui n’est pas anormal à ce stade) : la Ville a déposé un dossier de financement PIMACI qui permettrait de financer en grande partie cet aménagement.  Comme il n’y avait pas une unanimité totale autour de la table sur cette “cyclostrade urbaine, nous devrons rester vigilants, mais nous remercions déjà la Ville et le service d’étude des Travaux de nous associer dès les avants-projets.

Un autre point positif est la volonté de mettre en place des mesures provisoires qui rendront l’actuelle piste des bus utilisable pour les vélos dès les premiers jours de circulation du tram (puisqu’aucun bus ne l’utilisera plus).  Ceci évitera également la transformation en parking sauvage de toute cette infrastructure.


Le couloir “Rive Gauche” - Séparéééé ! coloréééé !

Entre le rond point des prémontrés et le rond point cité, les quais doivent être requalifiés : en soi, c’est un très bon projet.  Avec la possibilité d’assurer une continuité pour les vélos et les piétons pour parcourir l’ensemble de la rive gauche du pont de Fragnée jusqu’à Coronmeuse.

Toutefois, les plans privilégient la vision d’une “continuité architecturale" au dépend des besoins des usagers. Le flux de cyclistes, rapide sur ce type d'itinéraire conçus pour traverser la ville, reste placé au milieu des piétons. De plus, il n'est actuellement pas envisagé d'appliquer une différenciation de couleurs pour faciliter la compréhension d'usage du lieu. La mauvaise différenciation actuellement connue sur les quais existants (béton gris foncé rugueux pour les vélos et bétons gris un peu moins foncé pour les piétons) reste de mise.

Notre demande est de séparer réellement les flux et de mieux différencier pour VISIBILISER les parcours des uns et des autres. La discussion ne nous a cependant pas permis, actuellement, d’obtenir satisfaction à ce stade, la Ville n’étant pas le seul acteur, mais nous continuerons à demander à celle-ci en tant que “prescripteur” d’adapter sa position.  

En effet, cet itinéraire rencontrera évidemment un grand succès car il permettra un report de circulation du Ravel situé en rive droite.  Tout le monde s’accorde à dire que ce Ravel est totalement inadapté (très étroit, pavés inconfortables, nombreux piétons et aucune lisibilité).  De plus, l’itinéraire en rive gauche permettra d’absorber des flux vélos qui actuellement doivent traverser le centre Ville par les boulevards, la Place Saint-Lambert et Féronstrée où le passage du tram ne prévoit pas de solution efficace pour les vélos.

La mise en piétonnier des places X. Neujean, Saint-Paul et Cathédrale

Les projets en sont au stade d’esquisse mais nous avons insisté sur le maintien de deux itinéraires cyclables qui traversent ces places, à savoir :

  • Lonhienne/Xavier Neujean/Opéra,
  • Avroy/Hazinelle/Saint-Paul/Cathédrale/Charles Magnette.

En effet, la mise en piétonnier total entraînerait l’obligation pour les personnes se déplaçant à vélo de traverser ces deux longs itinéraires à 6 km/h maximum ou de contourner cette large zone ce qui allongerait tant en temps qu’en distance ces trajets à vélo et diminuerait l’avantage de les réaliser à vélo. De plus, vu la présence importante de commerces de bouche et le flux de livreurs que cela génère dans la zone, il est nécessaire de concentrer les déplacements à vélo sur des cheminements bien définis et compréhensibles pour l'ensemble des usagers.

Il est vrai qu’avec le chantier du Tram, nous avons régulièrement été confrontés aux panneaux “cyclistes pieds à terre”, mais ici nous ne pourrons accepter une telle politique.  Ce serait rendre l’accès aux commerces du centre bien plus difficile aux cyclistes et cela bloquerait un grand nombre de connexions entre l’ouest et l’est de la Ville. 

La discussion a été constructive et la Ville ne rejette pas nos arguments.  Le fait que du trafic automobile restera possible dans ces zones pour accéder aux parkings va finalement obliger ces projets à prévoir une forme de matérialisation d’itinéraires est probablement une opportunité pour trouver une solution pour les vélos.  La volonté est claire de nous associer dans l’élaboration des solutions et le cabinet d’architecture en charge du projet doit nous intégrer dans la démarche.  

Ne crions pas victoire, mais reconnaissons la volonté de nos autorités de prendre en compte ce besoin.